COVID-19: tous les tests à Montréal seront analysés pour y trouver des variants
Accusé de se trainer les pieds, le gouvernement Legault fera analyser tous les tests menés à Montréal pour y détecter la présence de variants, même si cette approche « n’est pas absolument nécessaire » selon la Santé publique.
Les efforts seront concentrés dans la région métropolitaine, non seulement pour la détection de nouvelles souches, mais aussi pour la vaccination a annoncé le ministre de la Santé, Christian Dubé, jeudi, en raison du nombre plus en plus élevé de cas mutants qui y sont détectés.
Québec souhaite aussi faire des analyses plus poussées, dès la semaine prochaine, de tous les tests de dépistage menés dans le Grand Montréal afin d’y détecter des cas de variants grâce à la méthode du « criblage ». D’ici deux semaines, cette approche pourrait être élargie aux régions, a ajouté le ministre Dubé.
Le criblage est une méthode plus rapide et moins coûteuse pour détecter la présence de variants déjà connus dans les échantillons testés positifs à la COVID-19, a résumé le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda. L’autre méthode employée par les scientifiques, le séquençage, offre beaucoup plus de détails, mais prend jusqu’à sept jours pour donner des résultats.
Souvent cité comme l’exemple à suivre, l’Ontario crible environ 70 %, a assuré le ministre Dubé.
Or, il n’« est pas absolument nécessaire » de cribler 100 %, a aussi indiqué le Dr Arruda.« Quand vous avez une éclosion dans une école, si vous avez criblé sept personnes puis qu’elles ont toutes la même souche, si c’est une transmission dans l’école, la probabilité que ce soit la même souche, elle est pareille, ça fait que ça ne change rien au niveau de l’intervention », a-t-il expliqué.
Pour le moment, 8,5 % des tests de dépistage font l’objet de séquençage et la santé publique vise à faire monter ce chiffre de 15 à 20 %, mais aucun échéancier n’a été communiqué à ce sujet jeudi.
Le gouvernement change aussi d’approche face aux tests rapides et les déploiera finalement pour les éclosions dans les entreprises et les écoles où des gens auront des symptômes. Un « plan clair » sera présenté la semaine prochaine à ce sujet, a indiqué Christian Dubé.
La Santé publique a également été chargée de revoir la priorisation dans l’ordre de vaccination afin de mieux « attaquer Montréal », a-t-il ajouté.
Mais Québec a encore un coup de retard dans la gestion de la crise de la COVID-19, cette fois dans la détection de variants du virus, ont déploré de leur côté les partis d’oppositions.« Lorsqu’on parle [de nouveaux variants], bien, c’est la troisième vague qui nous pend au bout du nez. C’est extrêmement inquiétant », a exposé le porte-parole du Parti québécois, Joël Arseneau, jeudi.
Après la détection de 48 cas potentiels de variants dans la métropole, le député s’inquiète d’en voir apparaître bien plus dans les prochains jours.« Et est-ce que, dans une semaine, dans deux semaines, bien, le développement va être aussi exponentiel qu’il a pu l’être, par exemple, en Grande-Bretagne? », s’est interrogé M. Arseneau.
Pour la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, la « chasse aux variants » aurait dû commencer il y a plusieurs semaines déjà. Elle déplore par ailleurs le peu d’informations diffusées à ce sujet par le gouvernement.
Selon la députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, Québec aurait tout avantage à s’inspirer des méthodes employées dans sa région. Deux cas du variant sud-africain y ont été détectés sur des tests de dépistage de début janvier, mais l’éclosion a pu être maîtrisée grâce au traçage des contacts, a-t-elle fait valoir.
« C’est un petit milieu, mais on doit avoir des ressources quand même suffisantes pour pouvoir effectuer ce traçage-là. Donc, ce qu’on souhaite, c’est que le gouvernement puisse miser davantage sur ces ressources-là pour faire le traçage pour le reste du Québec », a-t-elle expliqué.