Des masques de procédure transformés en matériaux construction
Une entreprise estrienne tente d’éviter qu’une partie des milliards de masques utilisés au Québec depuis le début de la pandémie ne prennent le chemin de l’enfouissement.
L’entreprise Magogoise Go Zéro est l’un des deux récupérateurs québécois d’équipements de protection individuelle. C’est environ 3 000 organisations québécoises qui acheminent leurs masques à Magog ce qui représente plus de 1 000 tonnes récupérées depuis deux ans.
«Les masques sont d’abord mis en quarantaine, puis décontaminés. Ensuite les composées sont séparées mécaniquement dans notre installation de Saint-Eugène-de-Grantham», a expliqué le président de Go Zéro, Éric Éthier.
«Mis à part les élastiques et la particule métallique pour le nez, le masque qui couvre notre visage, c’est entièrement du plastique. On le ramène à des petites billes de plastique qu’on vend à des mouleurs québécois. Il y a une forte demande, a précisé le président de Services de consultation St-Clair, Serge St-Clair. Avec des masques, on peut produire des articles ménagers comme des paniers à linge 100% matériel recyclé.»
À l’Université de Sherbrooke, c’est plus d’un million de masques qui ont été détournés de l’enfouissement depuis le début de la pandémie. Dans le cadre d’un projet de recherche, elle a envoyé quatre conteneurs chez MGA Environnement à Val-des-Sources, qui expérimente la production d’un autre matériau. «Nous, on fait un mélange avec du bois sec et on arrive à produire des panneaux et des lattes de composite», a indiqué le président Martin Gagnon.
«Une fois la pandémie terminée, les masques vont disparaitre de l’espace public; ça commence bientôt d’ailleurs. Mais avec les équipements de protection individuelle et le plastique de laboratoire qui est jeté, il reste un grand potentiel pour le Québec», a insisté le vice-recteur adjoint au développement durable de l’Université de Sherbrooke, Patrice Cordeau.
Effectivement, de nombreux centres hospitaliers envoient encore leurs équipements de protection à la poubelle. Le ministère de la Santé a indiqué qu’il n’existe aucune directive ministérielle pour la récupération des EPI. Chaque établissement est responsable de sa gestion. «On va leur démontrer que c’est possible de récupérer à un coût égal ou inférieur que l’enfouissement, et là, où tout se joue», a ajouté M. Cordeau.
Une question de volonté selon les récupérateurs, qui sont prêts à augmenter leur production.