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“Panique totale” dans les écoles des quartiers environnants

"Je ne veux pas mourir. Qu'est-ce qu'il se passe maman, c'est quoi ces tirs ?"

Des écoliers cachés sous leurs bureaux dans une classe ou assis par terre devant les salles de classe… Ces scènes de panique ont été immortalisées jeudi dans la matinée, notamment dans des écoles des quartiers de Badaro et Furn el-Chebback, pendant les échanges de tirs violents et meurtriers dans les environs de Tayyouné, dans le sud de Beyrouth. Et dans de nombreux établissements scolaires de la capitale, la panique régnait parmi les élèves, professeurs et parents face à la gravité des tirs.

Tout a commencé lors d’une manifestation de partisans du tandem chiite (Amal-Hezbollah), vêtus de noir, contre la “politisation” de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, suite au mandat d’arrêt lancé contre le député et ancien ministre Ali Hassan Khalil (Amal). Des tirs nourris et des explosions ont par la suite résonné non loin du palais de Justice, dans les environs de Tayyouné, alors que des correspondants de l’AFP ont vu des hommes portant des armes légères ou moyennes. Des ambulances, sirènes hurlantes, affluaient pour évacuer les victimes dans les rues désertées, les habitants s’étant réfugiés dans leurs appartements et revivant des scènes de guerre qu’ils pensaient oubliées. Les accrochages ont fait au moins six morts et 30 blessés transformant des quartiers de la capitale libanaise en zone de guerre.

“Je ne veux pas mourir”

“C’était la panique totale”, raconte Noor, élève au Collège des Saints Cœurs de Sioufi. “On a vu une prof qui courait. Certains enfants ont réussi à appeler leurs parents et ont quitté l’école, d’autres étaient en pleurs”, explique-t-elle. Dans la classe de son petit frère, Waël, élève en CM2, “une institutrice a fait faire aux élèves des exercices de respiration pour se calmer, mais à part ça les enseignants n’ont apparemment pas vraiment expliqué ce qu’il se passait pour rassurer les élèves”, indique leur mère, Jenny Saleh, qui est allée les récupérer à l’école avant la fin des cours. Peu avant, alors que les tirs commençaient à se faire entendre, les parents qui sont tous en contact via des groupes WhatsApp se sont rapidement affolés, se demandant s’ils devaient aller rechercher leurs enfants ou pas. “J’ai essayé d’appeler l’école plusieurs fois pour savoir ce qu’il en était, si les enfants allaient rentrer en bus ou s’il fallait venir les chercher, sans réussir à les joindre, le standard devait être saturé d’appels”, ajoute Mme Saleh. C’est après que des parents se sont rendus spontanément sur les lieux que l’école a envoyé un message pour annoncer l’arrêt des cours provoqué par “la panique des familles”, précisant que les autocars scolaires s’occuperont de ramener chez eux les enfants à l’exception de ceux vivant dans les régions de Tayyouné, Aïn el-Remmané, Badaro, Chiyah et Furn el-Chebback, où se déroulaient les affrontements.

“Comme tous les parents ce matin probablement, nous avons hésité à envoyer les enfants à l’école à Badaro. Nous avons pris la décision qu’ils aillent quand même en classe, parce que nous ne pouvons pas passer notre vie à avoir peur”, explique une autre maman dont la fille de quinze ans est élève au collège Louise Wegmann. “Quand les tirs ont commencé à éclater, nous avons eu peur, mais nous nous sommes dit que l’école est un des endroits les plus sûrs… jusqu’à ce que les tirs de roquettes commencent. Là j’ai vraiment paniqué”. C’est alors que sa fille l’a appelée en pleurs. “Elle m’a dit : +je ne veux pas mourir. Qu’est-ce qu’il se passe maman, c’est quoi ces tirs ?+”. Le contact a alors été établi avec l’école, qui a rassuré les parents, assurant que les enfants étaient en sécurité. “Je suis finalement allée la chercher à 13h, quand ça s’est un peu calmé, mais les tirs continuaient de siffler au-dessus de notre tête lorsqu’elle est sortie de l’école. Le bruit était horrible”, poursuit-elle, avant de déplorer : “Nos enfants ne devraient pas avoir à vivre ça”.

Keira Dabbagh, en classe de première au Grand Lycée franco-libanais, raconte de son côté que dès que les premiers tirs ont été entendus, “il y a eu du mouvement dans les couloirs”. Les élèves “rigolaient au début et prenaient ça à la légère”. Ce n’est que lorsqu’ils ont eu vent d’un message envoyé par l’école à leurs parents annonçant qu’il n’y aurait pas de récréation qu’ils ont commencé à ressentir un certain vent de panique et se sont demandés s’ils ne devraient pas plutôt rentrer chez eux. “L’enseignante nous a demandé de ne pas rester près des fenêtres et il y a ensuite eu le bruit d’une première +bombe+”, explique la jeune fille, qui souligne qu’à ce moment-là, des étudiants ont commencé à pleurer, certains “n’osant plus bouger”. “Quand mon père est venu nous chercher, une amie et moi, nous avons quitté l’école en courant jusqu’à la voiture”, ajoute-t-elle, racontant les événements de manière saccadée.

“Nos enfants méritent mieux que ça”
Les photos d’écoliers se cachant dans les couloirs d’une école de Furn el-Chebback ont également fait réagir de nombreux internautes.  “Les photos d’enfants se cachant dans leur classe à cause des affrontements sont exactement la raison pour laquelle j’ai quitté le Liban et n’y reviendrai probablement jamais”, écrit la journaliste Dalal Mawad sur Twitter. “Nos enfants méritent mieux que ça. L’histoire va se répéter, encore et toujours, tant qu’ils (la classe politique actuelle et le Hezbollah, ndlr) restent au pouvoir”, a-t-elle ajouté.  “Une nouvelle génération paie le prix de la loi d’amnistie générale et du manque de justice qui règne depuis les années 90. Une nouvelle génération qui découvre très jeune ce traumatisme”, a écrit une autre internaute.

Dans la Békaa, pourtant éloignée de Beyrouth, plusieurs écoles ont demandé aux parents de venir rechercher les élèves “par crainte que la situation ne dégénère et ne s’étende dans la région”.

l orient le jour

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