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Des centaines de profs décrochent

Le nombre de profs ayant démissionné n’a jamais été aussi élevé en cinq ans dans plusieurs centres de services scolaires, une tendance de fond que la pandémie semble avoir accélérée.

« Quand j’ai commencé, j’avais un maximum de neuf élèves par classe. D’année en année, on s’est rendus à 14, même si le local était fait pour 12 élèves », témoigne Marie-Josée Goulet, 40 ans.

Elle a enseigné les arts plastiques pendant 15 ans dans une école de Montréal basée en centre jeunesse, une des clientèles les plus lourdes qu’on puisse imaginer.

Elle avait un poste et un fonds de pension. Mais en août, elle a « plongé dans le vide ».

En pleine pandémie, elle a démissionné pour accepter un contrat comme aide-accessoiriste sur un plateau de tournage, même si le milieu de la culture est ébranlé.

« Quand je reviens le soir, je suis épuisée physiquement, mais pas mentalement », alors que c’était le cas avant, raconte celle qui a trois enfants.

Complexité des tâches

Un nombre croissant d’enseignants québécois ont pris une décision semblable dernièrement.

Le ministère de l’Éducation ne détient pas de données sur les démissions dans les écoles. Le Journal a donc obtenu les chiffres auprès d’une vingtaine de centres de services scolaires (anciennement les commissions scolaires).

Une quinzaine présentent une tendance à la hausse du nombre de démissions depuis 2016. Dans 12 centres, un sommet a été atteint en 2020.

Par exemple, 29 profs ont démissionné l’an dernier du Centre de services des Navigateurs, en banlieue de Québec. C’est trois fois plus qu’en 2016.

Les chiffres les plus impressionnants sont détenus par le Centre de services scolaire de Montréal, où plus de 200 enseignants ont démissionné.

« C’est le reflet de ce qu’on entend », dit la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, Josée Scalabrini.

Pour elle, il est évident que le phénomène est dû à la complexification de la tâche des professeurs, qui ont des élèves aux besoins de plus en plus lourds et variés.

À cela est venue s’ajouter la pandémie, les mesures sanitaires jugées déficientes par plusieurs, les cours virtuels, les élèves absents pour cause d’isolement, etc. Pour un même cours, un prof peut avoir trois fois plus de préparation à faire en raison de ces ajustements, illustre-t-elle.

« Pas à leur place » ?

Souvent, les démissionnaires se font dire par les dirigeants qu’ils n’étaient « pas à leur place », alors qu’il s’agissait d’excellents profs placés à répétition dans des conditions impossibles, observe Sylvain Mallette de la Fédération autonome de l’enseignement.

Pour le professeur en sciences de la gestion à l’UQAM Angelo Soares, ces départs reflètent la façon dont les gouvernements traitent les enseignants depuis 20 ans.

« Un peu comme pour les infirmières et préposés aux bénéficiaires », lance-t-il.

De son côté, le cabinet du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, rappelle que « nous nous trouvons dans une année exceptionnelle » et que les inscriptions de futurs enseignants dans les universités sont en hausse depuis l’élection de la Coalition avenir Québec.

« L’Éducation est LA priorité du gouvernement », indique par courriel son attachée de presse Geneviève Côté.

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