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SAUVE-QUI-PEUT CHEZ TWITTER

Démissions en cascade, avertissement des autorités, fuite des annonceurs, et menace de faillite… Le réseau acquis par Elon Musk il y a dix jours prenait l’eau de toutes parts jeudi.

«L’avenir est très enthousiasmant, j’ai hâte de le faire arriver avec vous», a déclaré le nouveau patron jeudi 10 novembre au début d’une réunion en interne, pour les salariés qui n’ont pas été remerciés lors des licenciements massifs il y a une semaine. Mais la menace de la faillite est apparue quand il a ensuite reconnu qu’il ne savait pas à quel point l’entreprise «manquerait de revenus» l’année prochaine. «Il est possible que nous soyons en flux de trésorerie déficitaire de plusieurs milliards», a-t-il avancé, d’après des messages entre employés consultés par l’AFP. «S’il y a une récession longue et profonde, il faudra que nous puissions survivre», a-t-il continué.

Des salariés l’ont aussi interrogé sur les risques liés au déploiement rapide de nouvelles fonctionnalités non rodées, la méthode préférée du patron de Tesla et SpaceX. Car l’agence américaine de la concurrence (FTC) a émis un rare avertissement contre la plateforme jeudi : «Nous suivons les récents développements chez Twitter avec beaucoup d’inquiétude. Aucun directeur général ou entreprise n’est au-dessus de la loi», a déclaré un porte-parole de la FTC.

Il a rappelé que la plateforme doit se confirmer aux règles d’un accord passé avec l’agence sur la sécurité et la confidentialité des données. L’accord en question, révisé cette année, «nous donne de nouveaux outils pour nous assurer qu’il est respecté, et nous sommes prêts à les utiliser», a ajouté le porte-parole, en référence aux amendes conséquentes que la FTC pourrait infliger. Or de nombreux employés au fait de ces régulations ne sont plus chez Twitter.

CONTROVERSES QUOTIDIENNES

Le patron de Tesla et SpaceX a licencié la moitié des 7.500 salariés de l’entreprise californienne il y a une semaine, dix jours après l’avoir rachetée et en être devenu le seul maître à bord. Des centaines de personnes étaient déjà parties cet été, et les démissions de cadres ont continué ces derniers jours. Jeudi, Damien Kieran, responsable de la confidentialité des données, et Lea Kissner, responsable de la sécurité, ont annoncé leur départ. D’autres directeurs ont aussi décidé de s’effacer d’après des médias américains, dont Yoel Roth, le responsable de la sûreté sur le site. Il avait jusqu’à présent défendu publiquement Twitter et son nouveau propriétaire controversé. Il intervenu à plusieurs reprises pour expliquer des changements ou garantir que la lutte contre la désinformation restait une «priorité absolue».

Mais le pouvoir de l’entrepreneur libertarien sur le très influent réseau social inquiète de nombreuses autorités, annonceurs, utilisateurs et associations de défense des minorités. Il a tenté de rassurer, en rappelant que la modération des contenus, garde-fou contre les abus sur la plateforme, n’avait pas changé pour l’instant. Mais ses décisions mises en place dans la précipitation et ses provocations sur Twitter suscitent des controverses quotidiennes depuis deux semaines. Plusieurs annonceurs ont suspendu leurs dépenses sur le réseau des gazouillis, dont le modèle économique dépend à 90% de la pub. Le cabinet Insider Intelligence a revu à la baisse de 39% ses prévisions pour les recettes publicitaires de Twitter en 2023 et 2024.

«UNE CHOSE EST SÛRE : CE N’EST PAS ENNUYEUX»

Elon Musk veut diversifier les sources de revenus, des abonnements pour les utilisateurs aux outils de création de contenus pour les influenceurs. Mais le lancement cacophonique mercredi de Twitter Blue, la nouvelle formule à 8 dollars par mois pour faire authentifier son compte, s’est traduit par des déclarations officielles contradictoires et l’éruption de faux profils. «Merci de noter que Twitter va faire beaucoup de choses bêtes dans les mois qui viennent. Nous garderons ce qui marche et changerons ce qui ne marche pas», a tweeté le multimilliardaire.

En début de semaine, il a cédé pour près de 4 milliards de dollars de titres de son fleuron Tesla. «Je l’ai fait pour sauver Twitter», a-t-il déclaré aux employés jeudi. Elon Musk a voulu racheter l’entreprise californienne au printemps, puis il n’en a plus voulu à l’été, et a été forcé de l’acquérir à l’automne pour éviter un procès. Jeudi il a affirmé que l’utilisation de Twitter «continue d’augmenter», ajoutant: «Une chose est sûre : ce n’est pas ennuyeux».

AFP

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