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Antony Blinken ira au Moyen-Orient pour éviter l’embrasement régional

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’embarque jeudi pour une nouvelle tournée au Moyen-Orient dans l’espoir d’éviter une expansion de la guerre à Gaza après l’élimination au Liban du numéro deux du Hamas et des explosions mortelles en Iran.

Le secrétaire d’État américain quittera jeudi soir Washington pour cette nouvelle navette diplomatique dans la région, la quatrième depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, avec une étape prévue en sol israélien, a indiqué mercredi soir un responsable américain.

Aucun pays n’a «intérêt à une escalade», a déclaré Matthew Miller, le porte-parole de la diplomatie américaine critiquée dans la région pour son soutien sans faille à Israël depuis le début des frappes sur Gaza.

Les craintes de voir la guerre Israël/Hamas embraser tout le Moyen-Orient se sont encore accrues depuis une frappe mardi fatale au N.2 du Hamas, Saleh al-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth, et une double explosion qui a fait 95 morts mercredi en Iran.

À Téhéran, des responsables ont accusé Israël d’être à l’origine de «l’assassinat» du haut responsable du Hamas et de «l’attentat» près de la tombe du général Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations iraniennes au Moyen-Orient dont l’Iran marquait le quatrième anniversaire de la mort.

Israël n’a pas commenté ces allégations. À Washington, un responsable a indiqué que la frappe contre Saleh al-Arouri était «israélienne» tandis que le département d’État a jugé «absurde» l’idée que les États-Unis ou Israël soient liés aux explosions en Iran.

Le guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, a promis «une réponse sévère» aux explosions. Et le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a mis en garde Israël contre une nouvelle escalade après la mort de Saleh al-Arouri, qui doit être inhumé jeudi dans le camp palestinien de Chatila, à Beyrouth.

«Pour le moment, nous combattons sur le front de façon calculée […], mais si l’ennemi pense lancer une guerre contre le Liban, nous combattrons sans limites, sans restrictions et sans frontières […] Nous ne craignons pas la guerre», a déclaré Hassan Nasrallah.

En Israël, le chef d’état-major de l’armée Herzi Halevi a indiqué que ses troupes étaient en état d’alerte à la frontière avec le Liban (nord), théâtre quasi quotidien d’échanges de tirs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

«Nous sommes à un niveau très élevé de préparation dans le nord […] Je crois que notre préparation est à son niveau maximal», a-t-il dit, en évoquant «des opportunités» pour «créer un changement significatif» dans la région.

Dans le nord d’Israël, la population craint, elle, une exacerbation des tensions avec le Hezbollah. «Bien sûr que nous sommes inquiets, mes pauvres parents, mon frère et sa femme (dont le fils est soldat, NDLR) ne dorment pas la nuit. Ma mère est sous cachet», lance Lee Zorviv, gérante d’une boutique de vêtements à Nahariya (nord).

Israël a juré de «détruire» le Hamas après l’attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur son sol, qui a fait environ 1140 morts en Israël, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes. Des commandos avaient aussi pris en otage environ 250 personnes, dont plus de 100 avaient été libérés fin novembre lors d’une trêve d’une semaine.

La guerre qui dure à Gaza depuis cette attaque a coûté la vie à 22 313 personnes, majoritairement des femmes, des adolescents et des enfants, soit près de 1% de la population de ce territoire de 2,4 millions d’habitants, selon le dernier bilan du Hamas, mouvement classé «terroriste» par les États-Unis, Israël et l’Union européenne.

Depuis le début de ce conflit, les tensions se multiplient aussi en Syrie et en Irak, où des bases américaines sont prises pour cible, mais également en mer Rouge, où les rebelles Houthis du Yémen mènent des attaques pour freiner le trafic maritime en «soutien» à Gaza.

D’ailleurs, 18 compagnies de transport maritime contournent désormais le continent africain pour éviter la mer Rouge, a indiqué mercredi l’Organisation maritime internationale (OMI) alors qu’une coalition menée par les États-Unis exhorte les Houthis à cesser «immédiatement leurs attaques» sans quoi ils en assumeront les «conséquences».

Dans la bande de Gaza, l’armée israélienne a poursuivi dans la nuit de mercredi à jeudi ses raids aériens, notamment à Khan Younès (sud) et Deir al-Balah (centre), où le ministère de la Santé du Hamas a fait état de morts.

«Le Hamas dispose toujours d’importantes capacités à Gaza», a déclaré à Washington le porte-parole du conseil de sécurité nationale, John Kirby.

«Nous pensons que réduire et défaire les capacités du Hamas à mener des attaques en Israël est un objectif absolument réalisable pour les forces militaires israéliennes. Cela peut être fait, militairement. Son idéologie va-t-elle être éliminée? Non. Et le groupe est-il susceptible d’être annihilé? Probablement pas […]», a-t-il ajouté.

Outre les frappes aériennes et les combats au sol, les Gazaouis sont confrontés à de graves pénuries de nourriture, d’eau, de carburant et de médicaments alors que l’aide humanitaire entre au compte-gouttes malgré une résolution de l’ONU.

Hazem al-Najjer Abou Ahmed, un boulanger, a créé des biscuits à rabais pour «soulager» les enfants de son village d’al-Musaddar (centre), explique-t-il à l’AFP.

«La plupart des boulangeries ont été bombardées […], les prix de toutes les denrées restent élevés et il manque de tout. Nous avons donc eu cette idée avec nos voisins pour soulager notre population et nos enfants.»

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