L’ex-premier ministre du Québec Jean Charest, qui se lancera demain dans la course à la chefferie conservatrice, a multiplié ses relations d’affaires dans les hautes sphères ces dix dernières années.

À la mi-janvier, M. Charest, qui s’est déjà prononcé en faveur de l’application de la loi 101 dans les entreprises sous juridiction fédérale, a été nommé au CA du Canadien National, dont la nouvelle grande patronne ne parle qu’anglais.

Jean Charest a porté les dossiers de l’Association des industries aérospatiales du Canada pour qu’Ottawa soutienne ce secteur frappé durant la pandémie.

Des clients chinois

Alors qu’Ottawa n’a pas encore dit s’il allait bannir le réseau 5G du géant chinois Huawei, Jean Charest a été consultant pour la firme, selon The Globe and Mail.

En octobre dernier, devant un parterre d’affaires à Montréal, l’ex-politicien vedette avait été transparent sur ses liens avec des sociétés chinoises.

« Je devrais vous dire, par souci d’honnêteté, moi, j’ai des clients chinois », avait lancé l’associé chez McCarthy Tétrault.

Invité par Le Journal à réagir à l’arrivée de Jean Charest, le consulat général de Chine à Montréal s’est dit prêt « à travailler avec tous les amis canadiens pour développer davantage les relations bilatérales ».

Outre la Chine, Jean Charest copréside le Conseil d’affaires Canada-Émirats arabes unis, qui a pour mission de faciliter les échanges entre les deux pays, depuis le 1er mars 2018.

Son nom apparaît sur leur site web, mais Jean Charest n’a pas été en mesure de répondre à nos questions, hier, vu son agenda « extrêmement occupé ».

En octobre dernier, son employeur McCarthy Tétrault avait précisé qu’il « siège au conseil de ce dernier à la demande du gouvernement du Canada ».

Très estimé en Afrique

Au Québec, Jean Charest, qui a promu le Plan Nord, a aussi présidé le conseil d’administration de Windiga Énergie, qui a des projets au Burkina Faso, au Ghana et au Sénégal.

« Jean en Afrique, il a une aura exceptionnelle. C’est probablement le Canadien le plus reconnu et aimé de l’Afrique », va jusqu’à dire son PDG, Benoit La Salle, qui se souvient d’avoir fait plusieurs voyages avec lui.

D’après Michel Séguin, professeur en éthique et gouvernance de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, le passage de Jean Charest en affaires pourrait lui permettre de prendre des décisions éclairées en politique.

« Le fait qu’il ait siégé à divers conseils peut lui amener une compréhension plus fine des différents dossiers », a-t-il analysé.

« Il va falloir qu’il soit soucieux de gérer cela en étant transparent », a-t-il cependant conclu.