Affaire Michel Venne: une lettre retrouvée vient bousculer le procès
Une lettre retrouvée dans les effets personnels de Lise Payette est venue bousculer, lundi, le déroulement du procès de l’ancien journaliste et éditorialiste du Devoir Michel Venne accusé d’exploitation et d’agression sexuelle à l’égard d’une jeune fille de 17 ans.
Alors que la défense devait débuter sa preuve, le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Michel Bérubé a fait savoir au juge Stéphane Poulin «qu’un incident» l’obligeait à demander au Tribunal la permission de rouvrir la preuve de la poursuite.
« Vendredi, le fils de feue Lise Payette m’a informé qu’il avait retrouvé trois copies de la lettre dont il a été question dans le cadre de ma preuve», a-t-il mentionné à la Cour.
Le document, daté du 3 décembre 2015, a été signé par la présumée victime et Lise Payette. Toutefois, selon la version que la plaignante a offerte au procès, c’est l’ancienne ministre de la Condition féminine qui lui aurait dicté les mots qui se trouvent dans le texte.
Dans un échange téléphonique que la plaignante a eu avec la dame deux ans plus tard, conversation enregistrée à l’insu de Mme Payette, cette dernière disait «ne pas avoir conservé de copie» de la fameuse lettre.
Lettre
«J’ai eu vent qu’une rumeur circule à l’endroit de Michel Venne. Je suis extrêmement navrée d’apprendre que celle-ci ait pu vous porter préjudice», peut-on lire dans le document déposé à la cour.
«Je sais que ce ragot me concerne. C’est pourquoi il me semble important de rectifier les faits dès maintenant avant d’engendrer quelques dommages collatéraux irréparables», poursuit-elle.
«Je vous donne ma parole. Cette histoire n’est pas fondée. Je tenais à vous écrire ces quelques mots, car je ne voudrais pas détruire une famille inutilement. Veuillez prendre note que cette missive est écrite sans aucune contrainte», conclut la jeune femme avant de signer la lettre qui a été contresignée par Lise Payette.
«Ragot et missive»
Dans ces extraits, deux termes ont semblé causer problème aux avocats de la défense, soit les mots «ragot» et «missive» et ils ont demandé à la plaignante, ramenée en interrogatoire, si elle utilisait ces deux termes de façon courante, ce qui a amené une réponse négative.
L’avocate de Venne, Me Lida Sara Nouraie a ensuite exhibé au témoin un statut Facebook qu’elle a écrit quatre jours après avoir signé la lettre chez Lise Payette et une publication Instagram faite en 2016 où elle utilise les mots «ragot» et «missive».
«Peut-être, oui, que j’ai déjà utilisé ces mots-là, mais vous savez, le registre de la langue française est quand même très large…», a alors témoigné la jeune femme, visiblement consternée par les questions.