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?Ce palace appartient-il à Vladimir Poutine

Fait rare en Russie: le président Vladimir Poutine a été forcé cette semaine de se défendre après que son opposant numéro un, Alexeï Navalny, eut publié une vidéo dans laquelle il l’accuse de posséder en cachette un somptueux domaine de 1,7 milliard $ sur le bord de la mer Noire.

Lancée au départ par un ancien oligarque, cette rumeur embête le Kremlin depuis 2010, mais Navalny vient d’y donner une nouvelle dimension.

La vidéo, dans laquelle il expose les détails de son enquête, a été visionnée plus de 100 millions de fois sur YouTube, moins de deux semaines après sa mise en ligne.

Alors que plus de 13 % des Russes vivent sous le seuil de la pauvreté, Alexeï Navalny décrit une luxueuse résidence de 17 700 mètres carrés sur un terrain équivalent à «39 fois la taille de Monaco».

Le château serait équipé de 10 chambres d’hôtes, de meubles sur mesure et d’une brosse de toilette dont la valeur dépasserait les 1000 $.

«On ne peut pas dire si c’est vrai ou faux: il n’y a aucune photo de Poutine qui le montre dans ce palace. Par contre, ce qui compte, ce n’est pas tant les faits que l’interprétation qu’en feront les gens», a commenté le politologue Michel Roche, spécialiste de la Russie postsoviétique.

Un régime encore solide

Selon lui, cette histoire pourrait ajouter de l’huile sur le feu, alors que le mouvement anticorruption prend de l’ampleur dans le plus vaste pays de la planète. D’ailleurs, des manifestations ont eu lieu le 23 janvier et d’autres sont prévues cette fin de semaine.

«Cette histoire du palace va cependant augmenter la colère de ceux qui ont déjà envie d’être en colère. La base d’appuis du régime reste forte», a tout de même tenu à nuancer M. Roche, qui enseigne à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

Le Kremlin nie vigoureusement

Jouissant en effet toujours d’une cote de popularité élevée, Vladimir Poutine, qui officiellement gagne moins de 200 000 $ par année, a vivement nié les allégations avancées par son rival.

«Rien de ce qui est montré dedans comme étant mes biens ne m’appartient à moi ou à mes proches», a-t-il insisté lundi devant un groupe d’étudiants.

Pour appuyer ses dires, l’homme fort de la Russie a pris l’exemple d’un montage qui circule sur internet le montrant en train de nager dans la piscine du palais: la preuve d’après lui que la démarche de Navalny est calomnieuse.

Comme à son habitude, le président russe n’a même pas daigné nommer le plus connu de ses opposants.

Contexte politique tendu

Alexeï Navalny est incarcéré depuis son retour en Russie, le 17 janvier dernier. L’opposant politique revenait de cinq mois de convalescence en Allemagne, où il a été soigné après son empoisonnement au Novitchok en août dernier.

Cette manière de faire ressemble étrangement à celle qu’employaient les espions soviétiques pour supprimer des dissidents. Moscou rejette toute responsabilité dans cette affaire, malgré les doutes soulevés en Occident.

«Il y a énormément de fausses nouvelles sur M. Navalny en Russie. L’une d’elles dit que lors de son empoisonnement, les médecins auraient découvert du lithium dans son sang, ce qui laisse croire qu’il a un problème de santé mentale», a poursuivi Michel Roche, qui compare les tactiques de désinformation en Russie aux méthodes employées par l’ancien président américain Donald Trump, mais sans réel contre-pouvoir.

– Avec l’AFP

Vladimir Poutine en quelques dates

1952: Naissance à Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) dans une famille ouvrière modeste 1975-1991: Vladimir Poutine a mené une carrière d’espion au KGB, les services secrets soviétiques, lors de laquelle il sera appelé à travailler notamment en Allemagne de l’Est.

1999: Après avoir gravi les échelons de la politique municipale à Saint-Pétersbourg, le président russe Boris Eltsine le nomme premier ministre. Vladimir Poutine est alors inconnu du grand public russe, mais en septembre 1999, sa notoriété devient planétaire lorsqu’ en pleine Seconde Guerre de Tchétchénie, il déclare être prêt à «butter jusque dans les chiottes» les terroristes tchétchènes.

2000: Après la démission d’Eltsine, il est élu à la présidence avec près de 53 % des suffrages. Il obtiendra un second mandat en 2004.

2008: Comme la constitution russe lui interdisait de se présenter pour une troisième fois consécutive, Vladimir Poutine choisit son poulain Dmitri Medvedev pour lui succéder. Lorsque ce dernier est élu, il nomme Poutine premier ministre, ce qui lui assure de garder la mainmise sur les affaires de l’État russe pendant ces quatre années.

2012: Poutine revient à la présidence, après que Medvedev lui eut cédé sa place. Les mois qui ont précédé son élection ont été marqués par un important mouvement de contestation qui a pris forme à cause de soupçons de fraudes électorales lors des législatives de 2011.

2020: À la suite d’un référendum qui a pris des airs de plébiscite, la constitution russe est modifiée, permettant ainsi au président Poutine de rester au pouvoir jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans.

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