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Long combat contre Google: un Montréalais se verra verser 500 000$ pour des dommages

Un Montréalais qui a entamé une longue croisade contre Google après avoir vu sa réputation ruinée par un site mensonger s’est vu octroyer 500 000 $ pour les dommages causés par le géant du web.

«N’importe quelle personne ordinaire souffrirait [grandement] en se faisant traiter à tort d’agresseur d’enfants et de pédéraste, et en sachant qu’un moteur de recherche facilite l’accès au site contenant les fausses déclarations», a affirmé le juge de la Cour supérieure Azimuddin Hussain, dans une récente décision.

Un interdit de publication nous empêche d’identifier la victime, qui est un «homme d’affaires de premier plan qui a mené une vie de réalisations dans les secteurs public et privé» autant au Canada qu’aux États-Unis, selon le jugement.

Son cauchemar a débuté en 2007, lorsqu’il a pris connaissance d’une publication sur un site internet, où il était alors mentionné qu’il était un fraudeur, mais pire encore, qu’il avait été déclaré coupable de pédophilie en 1984.

C’est en faisant une simple recherche Google avec son propre nom, imitant ainsi une grande majorité d’internautes, qu’il a fait la terrible découverte.

«Il n’avait aucun moyen d’expliquer pourquoi les rencontres qu’il avait avec des clients potentiels ne débouchaient pas sur des mandats même si les rencontres elles-mêmes semblaient bien se passer», explique la décision.

Démarches infructueuses

Rapidement, la victime et quelques amis ont entamé des démarches afin de faire retirer la mention de ce site internet qui apparaissait dans les premiers résultats sur Google. Mais sans grand succès.

En 2009, le géant numérique a indiqué au plaignant qu’il avait acquiescé à sa demande. Toutefois, le lien a seulement été retiré de la version canadienne de Google, et non de la plateforme américaine.

Les réjouissances de la victime ont été de courte durée, puisqu’en 2011, il a découvert que le site mensonger apparaissait de nouveau dans les premiers résultats de recherches. La même mauvaise surprise est survenue en 2015.

Énormes préjudices

Au procès, la victime a témoigné avoir énormément souffert dans tout ce processus, elle qui a perdu une fortune au point d’avoir de la misère à joindre les deux bouts. Des amis qui lui sont restés fidèles ont même dû lui prêter de l’argent.

«Le demandeur a témoigné de son sentiment récurrent de honte d’être associé au message diffamatoire. Il avait périodiquement des pensées suicidaires», décrit la décision du juge Hussain, qui précise que la victime a prouvé «sans l’ombre d’un doute» que les crimes allégués étaient tout simplement faux.

«Le crime est si odieux que les gens ordinaires ne pensent pas que l’accusation […] puisse être faite sans une part de vérité. Là où il y a de la fumée, il y a du feu, selon l’expression populaire (parfois erronée)», déplore le magistrat, ajoutant que la crédibilité que confère le public à Google a joué dans la balance.

Devant les nombreux impacts psychologiques sur la victime, le juge Hussain a donc condamné Google à lui verser la somme de 500 000 $, lui qui réclamait à l’origine 6 M$.

«Le message diffamatoire est toujours caché dans le cyberespace, attendant d’être capturé par les algorithmes dynamiques et kaléidoscopiques de Google Search, afin d’injecter son poison, souligne-t-il. L’incertitude elle-même peut être vécue par les êtres humains comme une forme de tourment mental.»

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