De crise en guerre, la Croix-Rouge canadienne toujours mobilisée pour le Liban
Jusqu’au 3 novembre, le gouvernement canadien va doubler chaque don effectué auprès de la Croix-Rouge jusqu’à concurrence de 3 millions de dollars.
La relation entre la Croix-Rouge canadienne (CRC) et son organisation sœur au Liban ne date pas d’hier. Elle existe depuis plus de 10 ans et ne cesse de se renforcer, en temps de guerre comme en temps de paix. « Bon an, mal an, on a toujours soutenu la Croix-Rouge libanaise (CRL), affirme Pascal Mathieu, vice-président de la Croix-Rouge canadienne au Québec. Nous avons confiance dans leur capacité, dans leur plan. Pour nous, le meilleur choix, c’est de les soutenir financièrement pour qu’ils en fassent plus. »
Une campagne de collecte de fonds a été lancée il y a environ un mois, après l’intensification des frappes israéliennes contre le Liban, pour répondre aux besoins humanitaires essentiels de la population. Le gouvernement du Canada s’est aussi joint aux efforts de la CRC, annonçant qu’il doublera les dons versés au fonds de secours dédié au Liban. Ainsi, pour chaque dollar versé d’ici au 3 novembre 2024, le gouvernement canadien versera un montant égal, et ce jusqu’à concurrence de trois millions de dollars.
La même démarche avait été annoncée à la suite de la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, ce qui avait permis à la CRC de récolter plus de 10 millions de dollars pour venir en aide au Liban.
Ambulance et soutien aux équipes de recherche
Parmi les besoins les plus urgents, il y a le service des ambulances, qui sont de plus en plus prises pour cible depuis le début de la guerre entre Israël et le Hezbollah. « La situation est critique, souligne M. Mathieu. Si on veut sauver des vies, c’est un bon endroit où commencer. »
En plus du service d’ambulances, la Croix-Rouge canadienne va également soutenir les équipes de recherche et de sauvetage au Liban, dont la mission est de retrouver les survivants et les victimes dans les décombres des immeubles visés par des bombardements. « Un autre élément qu’on soutient, ce sont les soins médicaux de première ligne », ajoute le vice-président de la CRC au Québec, notamment dans les cliniques mobiles et fixes de la CRL.
Selon le ministre libanais sortant de la Santé, Firas Abiad, « plus de 150 secouristes et soignants ont été tués et 130 ambulances endommagées » en un an. Les violences ont également forcé 13 hôpitaux à interrompre complètement ou partiellement leurs opérations, avait-il indiqué il y a une semaine.
Une forme d’héritage du Liban au Québec
« Cibler les secouristes est inacceptable », affirme M. Mathieu, affirmant qu’une vingtaine de secouristes de la Croix-Rouge ont été tués dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. « L’emblème de la Croix-Rouge est défendu dans les conventions de Genève comme étant un emblème de neutralité », dit-il, mais « notre protection est bien faible lorsque les balles volent de toutes parts ». Il souligne enfin « le travail remarquable » de la diaspora libanaise au Canada, mais surtout au Québec, qui se mobilise pour venir en aide à leur pays d’origine.
La Croix-Rouge canadienne peut d’ailleurs compter sur le soutien de plusieurs bénévoles qui étaient passés par la CRL avant d’émigrer au Canada. « Ce sont des gens qui ont risqué leur vie lors de la guerre civile au Liban et qui n’ont jamais oublié leur pays », explique Pascal Mathieu. « Certains font de la collecte de fonds, d’autres interviennent » dans nos opérations de secours, « comme lors des feux de forêt l’an dernier au Québec », ajoute-t-il. « C’est donc une forme d’héritage que le Liban a donné au Québec et au Canada », dit-il encore. Ces bénévoles figurent « parmi les très nombreux migrants qui forment la diaspora libanaise, amenant avec eux les valeurs d’entraide, d’humanité et d’impartialité ».
Les conséquences psychologiques de la guerre
Ghassan Brax est l’un de ces bénévoles qui ont fini par grimper les échelons de la Croix-Rouge canadienne. Il est aujourd’hui le directeur adjoint du programme de partenariats avec les entreprises à la Croix-Rouge canadienne au Québec. Originaire de Zahlé, où il a toujours de la famille, notamment sa mère, M. Brax est arrivé en tant que réfugié au Canada, vers la fin des années 80, alors qu’il n’avait que 11 ans. C’est en 2006, à la suite de la dernière guerre israélienne contre le Liban, qu’il décide de s’engager comme bénévole dans la Croix-Rouge canadienne qui avait accueilli les ressortissants canadiens fuyant les bombardements. « Ce sont des moments qui nous mobilisent », dit M. Brax. « Avant cela, je ne pensais pas à la Croix-Rouge, je ne pensais pas à la guerre », ajoute-t-il. Mais après 2006, « je me suis dit qu’il fallait agir et c’est comme ça que je suis devenu bénévole à la Croix-Rouge ». Après avoir répondu à plusieurs appels et participé aux diverses activités de l’organisation de secours, « le hasard » est intervenu pour qu’il y devienne employé plusieurs années plus tard.
L’un des moments les plus marquants de sa carrière a été l’accueil de réfugiés syriens en 2015 à l’aéroport de Montréal. Il a été appelé à faire un discours au nom du Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, pour leur souhaiter la bienvenue dans leur nouveau pays. « Les effets psychologiques de la guerre sont énormes sur les familles, sur les enfants », assure M. Brax, dont les souvenirs de sa propre arrivée au Canada sont encore très vifs. « Aujourd’hui, quand je vois ce qui se passe au Liban, je ne peux que me projeter dans ce que j’ai vécu et penser aux enfants qui doivent fuir des zones de combat et vivre des moments difficiles. Je ne peux qu’avoir une pensée pour eux. »
Pour contribuer au fonds de secours mis en place par la Croix-Rouge canadienne afin de soutenir les besoins humanitaires au Liban, CLIQUEZ ICI. Le gouvernement du Canada versera un montant égal au vôtre.
l’orient le jour