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Des tours cellulaires inquiétantes

Plus de 24 000 tours cellulaires au Canada, dont certaines positionnées dans des endroits sensibles, contiennent des équipements du controversé géant chinois des télécommunications Huawei. Et il faudrait tout retirer, affirme un ancien directeur des services secrets canadiens.

« L’idéal serait [que le gouvernement dise] : on reconnaît le risque des attaques chinoises. On reconnaît le risque de Huawei. Il faut tout enlever » , soutient Richard Fadden, qui a dirigé le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) pendant quatre ans, en plus d’avoir été conseiller à la sécurité nationale pour les premiers ministres Stephen Harper et Justin Trudeau.

C’est, entre autres, ce qui ressort de notre vaste enquête menée dans le cadre du grand reportage La Brèche, diffusé sur club illico.

Onze sources y lèvent le voile sur les pratiques parfois douteuses de l’entreprise chinoise, qui s’est implantée dans le réseau 4G du Canada dès 2009.

« Le moins qu’on puisse faire, ce serait d’interdire l’utilisation des équipements 5G [de Huawei] et peut-être tranquillement enlever le 4G », estime, M. Fadden, dont les mandats ont été marqués par une hausse de la menace cybernétique, notamment chinoise.

Cependant, le gouvernement tarde à trancher sur la question malgré la pression qu’exercent les États-Unis pour que le Canada exclue l’entreprise de la 5G, le prochain réseau cellulaire. Plusieurs autres pays, dont l’Australie et le Royaume-Uni, ont déjà banni Huawei, par crainte que ses équipements permettent à la Chine d’espionner les télécommunications.

Mortel pour Nortel

La Chine lorgnerait l’industrie canadienne des télécommunications depuis les années 1990, selon nos sources bien établies dans le milieu de la sécurité. Elles soutiennent qu’une longue campagne d’espionnage chinoise aurait contribué à la faillite de Nortel, l’une des plus grandes entreprises du pays, ce qui aurait ensuite profité à l’entreprise chinoise.

Lorsque Guy Saint-Jacques a été nommé ambassadeur du Canada en Chine en 2012, il a même été « breffé » sur l’espionnage économique chinois.

« À Ottawa, on en était venu à la conclusion que la chute de Nortel avait été causée en grande partie par le vol de technologie, surtout de la part de la Chine », a-t-il affirmé à notre Bureau d’enquête.

Les équipements Huawei sont présents dans le réseau 4G de plusieurs autres pays. Depuis quelques mois, les États-Unis exigent que les fournisseurs de télécommunication retirent tout appareil, dans le cadre du programme surnommé « arracher et remplacer ».

Cyberespionnage

Au Canada, le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) mène depuis 2013 un programme d’inspection des équipements Huawei avant qu’ils soient déployés, pour « atténuer le risque de cyberespionnage », peut-on lire sur le site de l’agence de renseignement fédérale.

Les résultats des analyses sont classifiés. Le CST a refusé la demande d’entrevue du Bureau d’enquête, mais une source anonyme bien au fait du programme estime que ces efforts sont suffisants pour protéger le réseau 4G. Il ne croit toutefois pas qu’un tel programme fonctionnerait en 5G, vu la complexité de cette technologie.

Carl Bond, un ex-employé du CST qui a aussi été chef de la sécurité chez Huawei Canada, affirme de son côté qu’aucun code malveillant n’a jamais été découvert.

« Si on en avait [trouvé], ils ne seraient plus en opération dans le réseau canadien. »

ILS ONT DIT NON À HUAWEI

Officiellement bannis

  • États-Unis
  • Royaume-Uni
  • Suède
  • Australie

Officieusement bannis

  • Nouvelle-Zélande
  • Japon

Présence encadrée

  • France
  • Finlande

Interdiction possible

  • Pologne
  • Roumanie
  • Inde

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