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Passeport vaccinal: le Québec emboîte le pas

Québec prévoyait de déployer son passeport vaccinal à l’automne, mais la récente poussée de contaminations à la COVID-19 dans la province lui enjoint de presser le pas. Le gouvernement imposera bientôt un document officiel pour accéder aux commerces non essentiels, comme c’est déjà le cas dans plusieurs pays du monde.

Le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, précisera les modalités du passeport vaccinal dans les prochains jours, a confirmé jeudi le premier ministre François Legault. Le « principe », a-t-il dit, c’est que « les personnes qui ont fait l’effort d’aller chercher leurs deux doses doivent être capables de vivre une vie quasi normale, doivent être capables d’avoir accès à toutes les activités ».

Les autorités estiment être déjà au début d’une quatrième vague. Québec rapportait jeudi 305 nouvelles infections, un sommet depuis la fin du mois de mai. La défense des Québécois contre le virus s’élargit toutefois de jour en jour. Actuellement, 83 % des Québécois ont reçu une première dose du vaccin, et 67 %, deux doses.

« On a une responsabilité d’agir », a déclaré M. Legault, en marge d’une conférence de presse conjointe à Montréal avec le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, qui portait sur le financement des garderies.

Ce dernier a déclaré qu’il appuyait « entièrement » la démarche de François Legault à l’égard du passeport vaccinal.

« Pour passer à travers cette pandémie, il faut se faire vacciner », a martelé M. Trudeau. D’ailleurs, Ottawa pourrait rendre la vaccination obligatoire pour certains fonctionnaires fédéraux.

Pour le moment, rien n’a filtré sur la mise en œuvre du passeport vaccinal. Il y a un mois, le gouvernement affirmait qu’il ne serait utilisé que lors d’éclosions, et seulement dans un secteur ou un territoire donné.

Un fardeau à compenser ?

Du côté des commerçants, on craint que les contrôles à l’entrée des bars et des restaurants ne posent problème. « Le QR, je peux en faire des copies et en distribuer à tous mes amis », déplore François Meunier, de l’Association des restaurateurs du Québec. Il approuve cette mesure qui dispensera de nouvelles fermetures, mais craint surtout de devoir gérer des clients mécontents. « En quoi le passeport vaccinal ne deviendra-t-il pas un fardeau trop lourd pour les restaurateurs qui ont déjà énormément de responsabilités pour servir la clientèle ? », se demande-t-il.

Son association, qui représente 6500 établissements de restauration, propose de compenser le fardeau du passeport par une diminution des restrictions pour les vaccinés. « Est-ce qu’on peut envisager, si on met en place un passeport vaccinal, de réduire la norme du deux mètres à l’intérieur dans les salles à manger ? Est-ce qu’on peut permettre dans les salles de réception des mariages de plus de 25 personnes ? Est-ce qu’on peut enlever la tenue d’un registre ? »

Ce gain possible de liberté enthousiasme aussi le président du conseil d’administration de l’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles, David Laferrière. « C’est pour le moment assez modeste, le retour en salles. Il va y avoir un important travail pour que les gens aient le goût de revenir, pour qu’ils se sentent en sécurité. Et peut-être que ça va passer par une mesure comme celle-là. »

« Lundi, les Américains pourront entrer au pays par la frontière terrestre », renchérit François Meunier. « Est-ce qu’on leur remettra un document qui nous permettra de confirmer l’admissibilité de ces personnes-là dans nos établissements ? La France va remettre aux étrangers qui visiteront leur pays un document… J’ai hâte d’entendre le ministre Dubé nous expliquer probablement la semaine prochaine leur plan de match. »

Ailleurs dans le monde

Israël a été l’un des premiers pays du monde à vacciner massivement sa population, à se déconfiner, puis à imposer le passeport vaccinal. La baisse rapide et marquée des contaminations a même permis à l’État hébreu d’abolir début juin l’utilisation de son « badge vert ». Or, devant la progression du variant Delta, le gouvernement s’est depuis résigné à le réintroduire. Un code QR ouvre la porte aux endroits qui rassemblent plus de 100 personnes à la fois.

Aux États-Unis, la Maison-Blanche a très tôt fermé la porte à l’idée d’un passeport intérieur, reléguant l’initiative aux paliers politiques inférieurs. La Ville de New York a décidé de montrer l’exemple en annonçant ce mardi un dispositif baptisé « Key to NYC pass » [la passe-clé pour New York]. La Grosse Pomme exigera « la vaccination des salariés et des clients des restaurants en intérieur, des salles de sport et des salles de spectacle », a expliqué le maire Bill de Blasio, précisant qu’il faudrait « au moins une dose » de vaccin.

En Europe, le passeport vaccinal est déjà monnaie courante. L’Union européenne a instauré début juillet un « certificat numérique » pour permettre la circulation des individus entre les pays membres. À l’intérieur de ceux-ci, des passeports sanitaires papiers ou digitaux existent notamment en Autriche, au Portugal, en Hongrie, au Danemark et en Angleterre. La France est l’un des derniers pays à avoir rejoint le mouvement. Le « pass sanitaire » y est obligatoire depuis le 21 juillet dans les lieux de loisirs et de culture (cinémas, musées…) qui rassemblent plus de 50 personnes. Il sera étendu bientôt aux cafés, aux restaurants, foires, avions, trains et autobus au long cours, ainsi qu’aux centres de santé. Le document prouve que son détenteur est vacciné ou a été récemment déclaré négatif à la COVID-19.

Ce jeudi, le gouvernement italien est allé plus loin que ses homologues en rendant obligatoire le passeport sanitaire pour les enseignants et pour les usagers des transports publics. Le précieux sésame était déjà nécessaire pour entrer dans une longue liste de lieux fermés : bars, restaurants, piscines, salles de sport, enceintes sportives, musées, cinémas, théâtres, parcs thématiques…

L’Allemagne et L’Espagne sont les régions qui ont la main sur l’introduction d’un tel passeport. La mesure y reste marginale. En Russie, la région de Moscou a mis en place fin juin un laissez-passer pour aller au restaurant, mais cette mesure très impopulaire a été abandonnée au bout de trois semaines.

 l’Agence France-Presse

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