Sous une pluie d’attaques des conservateurs et du Bloc québécois après les démissions de masse à la Fondation Pierre Elliott Trudeau, Justin Trudeau prend ses distances avec l’organisation et se porte à la défense de son rapporteur spécial sur l’ingérence David Johnston, qui y travaillait comme membre.
«Moi ça fait dix ans que je n’ai plus aucune connexion avec la fondation qui porte le nom de mon père», a affirmé le premier ministre mercredi, ajoutant qu’il revenait à la fondation de décider de son propre avenir.
Les problèmes découlent d’une promesse de don de 200 000$ formulée par un milliardaire chinois en 2016. En pleine crise sur l’ingérence chinoise, le Globe & Mail a révélé en février que ce dernier avait des liens étroits avec le gouvernement chinois, forçant la fondation à rembourser le montant reçu.
Mais la révélation a plutôt plongé l’organisation dans une crise interne, selon un reportage de La Presse, puisque le nom du milliardaire n’était pas inclus dans l’historique des donateurs. Aucun remboursement n’a finalement été effectué et la direction de la fondation s’est écroulée, élevant encore les soupçons sur les liens entre ledit milliardaire et le gouvernement chinois.
Rapporteur spécial
Jusqu’à sa nomination à titre de rapporteur spécial sur l’ingérence chinoise à la mi-mars, l’ancien gouverneur général David Johnston était l’un des membres de la haute administration de la Fondation Pierre Elliott Trudeau.
Dans une brève lettre publiée sur Twitter et destinée à David Johnston – qu’il prend bien soin de qualifier de «rapporteur» entre guillemets –, le chef conservateur Pierre Poilievre lui demande de s’expliquer sur les plus récents développements, après avoir demandé une enquête sur la fondation mardi.
«Expliquez ceci: comment allez-vous enquêter sur le don de Pékin à la Fondation Trudeau alors que vous faisiez partie de la Fondation Trudeau? J’attends votre réponse», a-t-il écrit.
Dénonçant le «sarcasme» de son vis-à-vis, Justin Trudeau a dit que M. Johnston était «un homme irréprochable» et la «parfaite personne» pour mener à bon port l’enquête sur l’ingérence chinoise.
«Je continue d’avoir confiance en lui», a déclaré le premier ministre.
Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet en a remis en demandant à M. Trudeau qu’il «révoque» le mandat accordé à M. Johnston afin de lancer une enquête publique en bonne et due forme.
Selon M. Blanchet, les démissions massives à la fondation «ajoutent aux doutes sur le processus et l’intention du financement chinois obtenu par la fondation».
