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La procédure de destitution, fardeau ou… possible cadeau pour Biden

Être formellement visé par une procédure en destitution du Congrès n’était certainement pas sur la liste de Noël de Joe Biden — mais la décision des républicains pourrait finalement constituer un cadeau politique pour le démocrate, en campagne pour sa réélection.

Le président américain, 81 ans, est dans le viseur des républicains à la Chambre des représentants pour son rôle supposé dans les affaires controversées de son fils à l’étranger.

«Aucun président ne veut se voir inculpé» au Congrès, rappelle Todd Belt, politologue. Mais «en réalité, politiquement, c’est plutôt un cadeau pour Joe Biden», analyse ce professeur à l’université George Washington.

Dans sa réaction au vote des républicains mercredi, la Maison-Blanche «s’est rapidement tournée vers l’économie et le fait que ce Congrès n’a pas fait grand chose et est obsédé par des revanches politiques au profit de Donald Trump», ajoute-t-il.

«Chanceux»

Les républicains n’ont pour l’instant pas apporté la preuve d’une implication du président. Et même si Joe Biden venait à être formellement mis en accusation («impeached») par la Chambre, une condamnation au Sénat, à majorité démocrate, est extrêmement improbable.

L’intérêt, pour les républicains, est celui d’une plateforme politique et médiatique de première importance, à quelques semaines des premières primaires républicaines — et des procès de Donald Trump.

L’ancien président, qui surpasse de loin ses rivaux dans la course à l’investiture du Parti républicain, domine également Joe Biden dans les sondages les plus récents.

Lui qui pousse à cette procédure de destitution contre Joe Biden a déclaré jeudi qu’il n’avait «jamais eu le luxe» d’une véritable enquête lors des deux procédures qui l’ont visé. «Biden est chanceux d’avoir une enquête, et il est TOTALEMENT COUPABLE», a-t-il écrit.

Donald Trump, inculpé, avait vendu mugs et t-shirts avec sa fameuse photo d’identité judiciaire tout en dénonçant une chasse aux sorcières politique. Le camp Biden a lui appelé à donner des fonds – dès 5 dollars – pour financer sa campagne dans un courriel dénonçant la procédure de destitution, une réussite selon les médias américains.

«Tensions»

Joe Biden a balayé les accusations des républicains sur la procédure de destitution pour mieux pointer du doigt l’incapacité du Congrès à se mettre d’accord sur l’aide à l’Ukraine ou le budget, relève encore le politologue Todd Belt.

«Si cela se poursuit tout au long de ce cycle électoral, tout ce que le président a à faire est de pointer du doigt la colline du Capitole et dire “regardez ce qu’il font là-haut”», analyse-t-il.

Hunter Biden, soutenu depuis longtemps par son père président, semble de son côté avoir changé de stratégie de défense, après des années à préférer la discrétion.

L’homme de 53 ans, sous le coup de deux inculpations, a tenu mercredi une rare conférence de presse à Washington pour dédouaner son père de toute implication dans ses affaires controversées, attaquant «les trumpistes» pour d’avoir tenté de le «déshumaniser».

Une stratégie plus risquée ayant «provoqué des tensions» avec la Maison-Blanche qui préférerait une approche plus prudente, rapporte le média américain Axios.

Depuis le Bureau ovale, Joe Biden peut se rassurer avec quelques éléments historiques: aucune procédure de destitution n’est arrivée à effectivement mettre fin au mandat présidentiel. En 1974, Richard Nixon, cerné, avait démissionné avant de faire face à son «impeachment».

Mais la procédure elle-même peut être coûteuse: si la présidence refuse de donner des documents en citant le droit de l’exécutif au secret, les républicains pourraient s’indigner, arguant que le camp Biden aurait quelque chose à cacher. Et puis, une surprise est toujours possible.

«L’enquête pourrait peut-être révéler quelque chose. Nous n’en savons rien», résume Todd Belt.

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