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Top 5 des découvertes scientifiques / Détruire les microplastiques à la source

Filtrer les microplastiques dans nos eaux usées avant qu’ils n’atteignent la mer ? Se promener en bateau pour passer les océans au tamis ? Les microplastiques, ces fragments de plastique de moins de 5 mm de long, sont un problème environnemental qui fait beaucoup jaser depuis quelques années, mais personne ne sait trop comment y remédier, tant ils proviennent de partout — fibres de vêtements, microbilles dans les cosmétiques, etc. Mais Patrick Drogui, du Centre eau, terre et environnement de l’INRS, pourrait bien avoir trouvé une partie de la solution.

 

Dans un article paru en janvier dans Environmental Pollution, M. Drogui et son équipe décrivent un nouveau procédé astucieux pour détruire les microplastiques à la source, directement dans les eaux usées. Auparavant, la plupart des autres méthodes pour éliminer les plastiques des eaux usées consistaient essentiellement à les filtrer afin d’en séparer les microplastiques. Mais cela ne faisait que déplacer le problème : il fallait bien, ensuite, disposer de ces microplastiques d’une manière ou d’une autre. «Des efforts limités de recherche ont examiné la dégradation des microplastiques et la plupart de ces travaux se sont concentrés sur la dégradation photocatalytique [ndlr : méthode qui se sert d’une substance activée par la lumière pour accélérer des réactions chimiques], qui prend généralement autour de deux semaines avant d’obtenir des taux de dégradation acceptables. À cause de ce long délai, les technologies photocatalytiques actuelles n’ont pas de belles perspectives devant elles», lit-on dans l’article.

Le procédé de M. Drogui, lui, n’implique pas de séparer les plastiques de l’eau, ni de les laisser reposer dans des bassins pendant des semaines. En fait, il s’agit de faire passer un courant électrique dans l’eau polluée afin de carrément détruire les microplastiques.

Il se produit alors deux choses. «Il y a d’abord un effet direct qui consiste à oxyder les microplastiques sur la surface des électrodes anodiques [ndlr : les électrodes par où sort le courant électrique]. Cela les transforme en grande partie en eau (H2O) et en dioxyde de carbone (CO2). Et ensuite, il y a également la possibilité que le courant électrique génère des substances oxydantes [qui vont attaquer chimiquement les plastiques] dans les eaux usées elles-mêmes», explique M. Drogui.

Le procédé de Patrick Drogui implique de faire passer un courant électrique dans l’eau polluée afin de carrément détruire les microplastiques.

Dans l’article d’Environmental Pollution, la méthode est parvenue à éliminer 58 % des microplastiques en une heure, et jusqu’à 89 % au bout de six heures. Ces résultats ont littéralement fait le tour du monde, étant notamment repris tant dans la presse généraliste que dans des publications plus spécialisées comme Engineering & Technology et Science Alert.

Pour l’instant, l’équipe de M. Drogui n’a testé son procédé que sur de l’eau «artificiellement polluée» — grosso modo de l’eau «pure» dans laquelle on ajoute des microplastiques et des surfactants —, mais elle a l’intention de l’essayer sur des eaux usées «réelles» incessamment, afin de voir comment les autres contaminants interfèrent avec le procédé. D’autres travaux devraient permettre d’améliorer l’efficacité et possiblement d’en diminuer les coûts, notamment en peaufinant la composition des électrodes. Mais dans sa forme actuelle, la technique pourrait déjà être essayée sur les eaux usées de buanderies industrielles, qui produisent de grandes quantités de microplastiques.

Rappelons que les microplastiques sont considérés comme un problème environnemental parce qu’ils absorbent et concentrent d’autres polluants, et qu’ils peuvent ensuite être avalés par des organismes marins. Plusieurs études ont lié leur abondance à divers effets toxiques sur la faune aquatique, notamment une fertilité réduite, une durée de vie plus courte et un rythme de croissance ralenti.

source le soleil

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