Message aux nouveaux immigrants
Le Canada vous appartient de la même façon qu'il appartient aux autres qui étaient là avant vous
Vous êtes arrivés au pays le plus tolérant et le plus beau dans le monde. Une terre d’accueil chaleureuse qui vous ouvre grand les bras, peu importe votre origine, ethnie ou religion. Une société où tout est possible, si vous vous y intégrez.
Permettez-moi cependant de m’arrêter à cette dernière phrase, où votre lune de miel prend fin. C’est lorsque vous êtes prêts à expérimenter les mécanismes d’adhésion à votre nouveau pays autrement connus sous le mot «intégration».
Dépendamment de votre entourage, de la façon dont vous vous installerez, la signification du mot «intégration» peut varier avec la diversité de vos «intégrateurs».
Mais de quels Canadiens parle-t-on au juste? Des Canadiens d’origine française? Des Canadiens venants de l’Europe de l’est? Des Canadiens d’origine anglaise? Des Canadiens d’origine arabe? Des Canadiens musulmans, juifs, catholiques, protestants, athées? Ça peut devenir très mêlant facilement. Et vous allez entendre beaucoup de commentaires, des plus accueillants aux plus dégradants.
Cette minorité l’est justement parce qu’elle s’isole, vit une crise identitaire, pense qu’elle est colonisée, qu’elle est envahie par «les autres».
Vous allez vite connaître ceux qui vont vous rappeler sans cesse d’être reconnaissant qu’on vous ait permis de venir ici, que vous ne devez pas revendiquer vos droits d’être traités comme égaux aux natifs (dont les ancêtres sont des immigrants eux aussi, d’ailleurs, ou juste arrivés ici un peu avant vous), que vous devez vous la fermer pour conforter la majorité.
Selon moi, ce dernier groupe est le groupe majoritaire; le groupe qui reflète le vrai visage des Canadiens.
Alors, ne vous basez surtout pas sur la minorité du premier groupe que j’ai mentionné pour juger du sort de votre société d’accueil. Cette minorité l’est justement parce qu’elle s’isole et se fragilise devant la différence, vit une crise identitaire, pense qu’elle est colonisée, qu’elle est envahie par «les autres». Elle souffre du «syndrome de la victime». Chaque société a ses racistes et xénophobes, ça vient avec la nature humaine.
Au Canada, vous devez être au courant de ce qu’est le principe du multiculturalisme, enchâssé dans nos lois constitutionnelles. Il sert à «promouvoir la participation entière et équitable des individus et des collectivités de toutes origines à l’évolution de la nation et au façonnement de tous les secteurs de la société en établissant des lois visant à la protection de la diversité ethnique, raciale, linguistique et religieuse dans la société canadienne», tel qu’expliqué sur le site web de l’encyclopédie canadienne.
Bien sûr, vous savez que la manière d’appliquer et d’utiliser ce principe définira votre relation avec votre société d’accueil. Si vous choisissez de l’utiliser pour vous ghettoïser, c’est votre choix. Si vous l’utilisez pour partager votre culture, votre mode de vie avec les autres, tout en vous informant sur les leurs (qui sait, vous irez peut-être jusqu’à les adopter, un jour), c’est votre choix également.
Cependant, sachez et comprenez bien ceci: peu importe votre choix, vous êtes égaux avec le reste de la population (sauf pour le droit de vote qui sera acquis plus tard durant votre aventure). Autrement dit, que vous soyez des citoyens à part entière ou non, dès que vous mettez les pieds comme résident permanent en sol canadien, vous bénéficiez des mêmes droits et libertés que tous les Canadiens, notamment la liberté d’expression, de conscience et de religion!
Sentez-vous à l’aise de dire ce que vous voulez, sous les limites de la diffamation et l’incitation à la haine, qui sont considérées comme des crimes au Canada.
Sentez-vous à l’aise de déclarer votre athéisme sans l’imposer aux autres. Sentez-vous à l’aise de manifester vos croyances religieuses sans les imposer aux autres. Sentez-vous à l’aise de manifester vos orientations sexuelles sans les imposer aux autres. N’acceptez jamais d’être intimidés par des personnes haineuses qui se prennent pour vos supérieures parce qu’elles sont «de souche» ou «plus pures» que vous.
Le Canada vous appartient de la même façon qu’il appartient aux autres qui étaient là avant vous.
Il n’y a aucune différence entre un Canadien et un autre, comme l’a bien exprimé notre premier ministre Justin Trudeau: «Un Canadien est un Canadien, est un Canadien».
Finalement, je vous donne un dernier conseil: embrassez votre nouveau pays comme s’il était votre pays d’origine. Utilisez toutes les ressources qui y sont disponibles, demandez de l’aide, ne soyez pas gênés, bénéficiez de notre belle Mère Nature, de l’ouverture des Canadiens, de leur générosité.
Que rien ne vous arrête! Soyez persévérants, soyez positifs, prenez toute votre place, et foncez.
Et surtout, jamais vous n’allez accepter que l’on vous rabaisse. N’acceptez jamais que l’on vous traite différemment, que l’on vous fasse sentir redevables à qui que ce soit pour votre présence ici. Jamais. Vous avez été choisis pour vos compétences et non pas par pitié. La société va bénéficier de vous, comme vous allez en bénéficier!